Histoire à lire sans savoir de quoi il s'agit

À tous ceux qui croient avoir eu une enfance difficile : allez vous faire foutre, vous n'avez pas vécu la mienne. Un jour où je voulais jouer les grands garçons, j'ai décidé de partir de chez moi. J'avais tout juste 10 ans. Vous imaginez ma mère me courir après puis me gronder et fondre en larmes ? Non, du tout, elle m'a laissé me barrer parce qu'elle devait s'en foutre et que ça lui ferait sûrement moins de frais. Il m'arrive encore de penser que c'est dans ces moments-là qu'un père peut intervenir, mais le mien, je ne l'ai jamais connu. Voilà pour la famille, ensuite en ce qui concerne les amis, le seul que j'aie eu jusqu'à mes dix ans a été l'enflure de fils qu'avaient mes voisins, enflure qui passait son temps à me mettre la misère et à me répéter que je vallais que dalle. C'est pas comme si je pouvais choisir, en même temps : le trou perdu dans lequel je vivais devait compter 6 ou 7 habitants - et j'exagère pas. Toute mon adolescence à partir de là à juste consisté à bouger mon cul d'ici et à tracer ma route en essayant de coexister avec des gens qui ne voulaient meme pas de moi.

Vous imaginez que ça s'arrête là ? Mon nouvel "ami" ensuite a été un asiat', de la cinquantaine je dirais, qui me gardait dans un coin uniquement car je pouvais lui être utile dans son travail. En fait, c'était un véritable incapable qui attendait de moi que je fasse à sa place tout le sale boulot ainsi que ses courses loin du village pendant qu'il resterait à rien branler dans son bureau. Le seul avantage que j'ai pu en tirer a été de faire la connaissance de sa petite-fille, une rouquine assez jolie et plus âgée que moi, mais ça s'arrete là. Elle devait être sado ou un truc dans le genre vu qu'elle prenait un véritable plaisir à m'affirmer que les seuls êtres que je pouvais aimer en espérant un peu d'affection en retour me détestaient. Bizarrement quand je lui ai annoncé ma situation familiale elle m'a aidé à me préparer pour mon départ, mais je suppose que c'était encore pour me briser le coeur car elle devait bien savoir que son putain de grand-père ne me laisserait tout simplement pas quitter le village. Un vrai cinglé je vous dis.

J'ai quand même, en fin de compte, réussi à me casser de cet endroit maudit. Mais merde, la vraie PLAIE dans mon existence a sûrement été ce couple d'adultes que j'ai croisé sur la route et que je ne pouvais PAS espérer éviter ensuite. Ces blaireaux étaient TOUJOURS dans mes pattes. Vous voyez le genre de tarés qui portent des costumes de clown assortis et finissent chacun les phrases de l'autre, comme dans les films ? Eh bien c'était le même genre de bouseux - et ils avaient un chat, je dirais au moins deux fois plus chiant qu'eux. Ce truc ne pouvait tout simplement pas fermer sa gueule, et je pourrais jurer qu'il la gardera ouverte jusqu'à ce qu'il clamse. D'ailleurs je pense que c'était à cause de son putain de flair qu'ils se retrouvaient toujours sur mon passage. Parfois je croisais aussi des amis à eux, tous habillés avec les mêmes fringues louches, qui m'attendaient à tous les coins de rue et qui ne me fouteraient pas pas la paix si je ne leur faisais pas cracher leur tripes.

Comme je disais donc, j'ai fini par me traîner de bled en bled en me bastonnant non seulement avec ces adultes dérangés, mais aussi avec tous les gosses de mon âge, gosses avec qui j'aurais peut-être pu devenir ami si je ne dégageais pas cette putain d'aura surpuissante qui poussait tout le monde dans les parages à venir chercher la foutue merde. J'en venais même à m'embrouiller avec les personnes les plus innocentes de l'univers, du genre qui chassent gaiement les papillons dans la forêt ou qui pêchent paisiblement toute la journée durant. Le seul point positif dans la manière où tournaient invariablement toutes mes nouvelles rencontres était que je n'éprouvais alors aucun remords à les dépouiller de leur monnaie, parce que merde, ça aurait été dommage de crever de faim après avoir survécu à toutes ces emmerdes qui constituaient alors mon lot quotidien.

La seule raison qui m'a poussé à continuer et fait que je peux aujourd'hui témoigner de mon histoire, a été le rêve que chérissais avant même que je foute moi-même ma vie en l'air en partant de chez moi : devenir maître Pokémon.

Tout d'abord pour poser les bases, ma mère est décédée juste après que sois né. (D'ailleurs pour l'avoir vu en photo elle était plutôt jolie, un vraie bombe pour parler franchement. Mais ce n'est pas vraiment le propos, quoique je pensais que ça devait être dit, enfin qu'importe.) J'ai donc grandi avec la famille du côté de mon père, mais sans lui car il avait une très mauvaise santé mentale et est parti du jour au landemain, sans donner de nouvelles depuis, avant même que je vienne au monde... Comme vous pouvez le contaster mon enfance n'a pas été des plus normales.

Bref, j'étais né avec une soeur jumelle, mais nous avons grandi séparément. Je ne l'ai pas beaucoup vue lorsque nous étions enfants, et c'est dans mes 17-18 ans que je me suis rendu compte que c'était un canon.

Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais pour faire simple on peut dire que je me suis par hasard retrouvé en possession d'une certaine vidéo d'elle, qu'elle-même avait faite. Le genre de vidéo qu'on peut faire lorsqu'on n'a pas de parents pour nous encadrer et qu'on déraille un peu. Je savais qu'elle ne m'était pas destinée, mais je l'ai quand même regardée, et ce deux fois d'affilée car je dois bien dire que je n'en croyais pas mes yeux.

(Je l'aurais probablement encore passée un bon nombre de fois les jours d'après, si je ne m'étais pas retrouvé dans un merdier tel que j'ai du partir de chez moi. (Le peu de famille avec qui je vivais a eu des problèmes avec la loi. Mais je ne préfère pas en parler).

Donc, je fantasmais complètement sur ma soeur pendant cette période-là. (Comprenez : les temps étaient durs pour moi, il n'y avait presque pas de filles dans les études que je suivais, et je n'avais jamais pu recevoir d'amour maternel) Elle aussi avait des problèmes avec la loi, et elle se trouvait en garde à vue quand je suis parti.

Avec un ami, on est passé la chercher. Quand je l'ai vue ce jour-là, c'est-à-dire peu après avoir égarré mes yeux sur sa vidéo, je dois bien avouer que j'avais juste envie de lui sauter dessus. C'était un peu confus à ce moment-là, mais je pense qu'elle aussi avait alors des sentiments pour moi. En fait, elle m'a embrassé juste après qu'on l'ait récupérée, et je peux dire que ça n'était pas vraiment un baiser fraternel si vous voyez ce que je veux dire. Pas sensuel ou quoi que ce soit, mais pas un baiser qui viendrait d'une soeur non plus.

Après ça, on est allé retrouver des amis à elle, quelque part qu'elle connaissait. C'était plutôt animé là-bas, et dans le tas mon pote m'a en quelques sortes fait comprendre qu'elle lui plaisait, et ça m'a rendu jaloux. C'est un mec plutôt beau-gosse, et même s'il s'agissait de ma soeur j'ai carrément pris ça comme une compétition. Par la suite pas grand chose ne s'est passé entre elle et moi à part quelques câlins à l'occasion peut-être.

Durant cette période de ma vie, quasiment tout le beau monde qui nous entourait était plus ou moins recherché par le gouvernement, alors on bougeait pas mal, ce qui ne laissait probablement pas beaucoup de temps pour nous découvrir davantage. Sans me la jouer baroudeur ou quoi que ce soit, je dois dire que c'était une période plutôt trippante de ma vie.

Mon pote et ma soeur ne sortaient alors pas ensemble je pense, mais il est apparu comme une sorte de tension entre eux, une véritable tension sexuelle même - provocations et allusions, si vous voyez. C'est aussi dans cette période-là que je me suis vraiment esquinté dans un accident. Je me suis retrouvé réellement agonisant, proche de la mort et loin de tout le reste. J'ai heureusement été secouru et ai pu être hospitalisé, d'ailleurs ma soeur est venue me voir pendant ma convalescence : on s'est retrouvés sous un ciel bleu éclatant où elle a déposé cet incroyable, long baisé passioné sur mes lèvres. C'était magique.

Malgré ça (enfin, heureusement peut-être), ça n'a eu aucune suite. On a passé du temps chacun de notre côté, et j'ai pour ma part commencé à éprouver une certaine ferveur religieuse (je me suis engagé dans quelque voie spirituelle), du coup j'ai tâché de ne plus penser à elle sur ce plan-là.

Ça c'est plutôt, même franchement bien passé pour un certain temps. Comme si j'avais surmonté ça. Mais par un mauvais coup du sort, je l'ai ensuite revue sur une croisière dans le désert. On aurait peut-être pu se retrouver comme un frère et une soeur si elle n'avait pas porté ce putain de bikini, le bikini le plus sexy que j'aie pu voir de ma putain de vie, et comme je n'en verrai probablement jamais d'autres... Je pense qu'elle devait travailler comme allumeuse ou entraîneuse dans cette croisière, et la voir dans cette posture a fait remonter en moi un certain désir, mêlé à un malheureux sentiment de culpabilité... Merde, quoi.

Quoiqu'il en soit, un bout de temps après ça, elle a fini avec notre ami commun. (celui dont je parlais plus haut) Je ne peux pas dire que ça m'ait surpris.

Mais après encore qu'elle se soit mise avec lui, il y a eu cette fois où on était à une soirée. Lui était dedans pendant qu'on est allé, rien qu'elle et moi, dehors. C'était une soirée festive, et ça doit expliquer qu'on ait pu mettre de côté notre parenté et parlé sans tabou. Ça a été un moment vraiment intime. Je pense qu'il aurait pu se passer quelque chose, si je n'avais pas cassé l'ambiance en lui disant que Dark Vador était notre père et que j'allais devoir l'affronter.